Entretien avec Delphine Montagne, fonctionnaire et wikimédienne en résidence
Publié le
La mission logiciels libres va à la rencontre d'agents publics dont le parcours les a amenés à découvrir et à contribuer à des communs numériques ou des logiciels libres. Nous avons posé quelques questions à Delphine Montagne, ingénieure d'études en sciences de l'information géographique à l'université de Pau et actuellement en mise en disponibilité à l'URFIST de Lyon comme « wikimédienne en résidence ».
Bonjour Delphine ! Comment as-tu croisé le chemin des logiciels libres et des communs numériques ?
C'est par la question des données sur la biodiversité et mon investissement dans les sciences participatives que je m'y suis intéressée. Il me semblait logique de mettre en commun des données pour obtenir des résultats plus fiables et utiles à davantage de publics. Ensuite, lors de mes études de cartographie en 2011, on commençait à parler de QGIS, un logiciel libre dédié aux données géographiques, comme montant. Je l'ai utilisé lors de mon premier emploi à l'université de Bourgogne, dans un environnement favorable aux logiciels libres. Il est aujourd'hui mon compagnon de travail, aux côtés d'autres outils comme PostGis pour les bases de données ou Gephi pour l'analyse de réseaux. Participer à la carte libre OpenStreetMap et autres projets de la galaxie Wikimédia est la continuité de ce parcours.
Comment as-tu développé tes compétences dans ces différents domaines ?
Ce sont d'abord les collègues qui ont pris de leur temps pour me montrer les logiciels, me mettre le pied à l'étrier et répondre à mes questions. J'ai croisé la route d'OpenStreetMap dans le cadre de mon travail grâce à des libristes. C'est d'ailleurs une libriste qui m'a formée sur l'outil d'édition avancé d'OSM, JOSM, à présent référencé au socle interministériel de logiciels libres. Si Wikipédia est arrivé plus tard, c'est toujours grâce à la communauté que je suis montée en compétences. C'est aussi en participant que l'on apprend, or OpenStreetMap et Wikipédia sont maintenant des passions auxquelles j'aime donner de mon temps.
Comment ont-elles été mise à contribution pour tes missions dans le secteur public ?
Dans mon domaine professionnel, la recherche, les logiciels libres me permettent de former et de travailler avec les collègues sur les mêmes outils, souvent dans leur langue car le logiciel a été traduit par la communauté. On peut étudier les algorithmes utilisés et il est possible d'adapter certains processus. Travailler avec les communs permet de s'appuyer sur le travail d'autres personnes, donc d'aller plus vite et plus loin. On espère aussi que nos propres contributions à ces projets serviront également aux autres. Cela rejoint mon engagement comme fonctionnaire de participer au bien commun.
Comment est née l'envie de les partager ?
Je trouve dommage que leurs opportunités soient si mal connues, d'où mon envie de les faire découvrir. D'abord je montre le potentiel par quelques réalisations, puis par des formations les personnes gagnent en autonomie. Généralement, faire tester les logiciels libres, c'est les faire adopter. Pour OSM et Wikipédia, je suis partie du constat que les collègues les connaissaient mal, ou pensaient les connaître, quand ils n'en ignoraient pas tout simplement leur fonctionnement. Ces projets, où l'on trouve des merveilles, sont utilisés pourtant chaque jour par des milliers de personnes et ils pourraient y participer facilement. C'est dommage ! Enfin, c'est aussi continuer un cercle vertueux : des personnes m'ont partagé leurs compétences, à présent, c'est à mon tour !
Un mot pour donner envie à d'autres agents publics d'aller à la rencontre de ces projets ?
Jamais je n'aurai pensé en faisant ma première modification sur Wikipédia que quelques années après je serai pour un an « wikimédienne en résidence », soit une personne hébergée dans une structure pour former sur les projets Wikipédia. On ne sait jamais où les projets libres vont nous emmener !