La mission logiciels libres aux Nations Unies
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En juillet dernier, notre équipe a participé à l'événement OSPOs for Good organisé par le Bureau des Nations Unies pour l'information et la communication, L'Allemagne, le Kenya, Open Forum Europe et OSPO++.
La mission logiciels libres de la DINUM, qui lui tient lieu d'Open Source Programme Office (OSPO), avait déjà participé à distance à la première édition de cet événement organisée en 2023.
Un Open Source Programme Office est une entité organisationnelle 100% dédiée aux logiciels libres, qu'il s'agisse de les utiliser, d'en publier ou d'y contribuer. Nous avions proposé, sur ce site, une tentative de définition plus détaillée que vous pouvez consulter, vous approprier, critiquer.
Des OSPOs pour de bon #
Le contenu de l'édition 2024 d'OSPOs for Good est bien résumée sur l'équipe de l'observatoire de l'Open Source de la Commission européenne.
Après s'être ancrés durablement dans le secteur privé, les Open Source Programme Offices se développent depuis 2020 dans les administrations publiques, soucieuses de mener leur transformation numérique de façon plus efficace et plus souveraine, mais aussi de contribuer à l'écosystème des logiciels libres pour le bénéfice de tous.
Des OSPOs pour le bien #
En 2023, l'événement était intitulé : « Construire et concevoir une infrastructure numérique coopérative » (Building & Designing Cooperative Digital Infrastructure). Le terme « infrastructure » signalait déjà que l'Open Source n'est pas seulement un moyen d'accélérer l'innovation mais qu'il pose aussi des questions de soutenabilité : comment partager la charge de maintenance que représentent les nombreuses briques open source sur lesquels nos systèmes d'information reposent ?
En 2024, l'accent fut mis sur le lien entre l'Open Source et les objectifs de développement durables des Nations Unies (Advancing Sustainable Development Through Open Source). La collaboration n'est pas seulement une méthode de développement plus efficace, c'est aussi, combinée à la publication des codes sources sous licences libres, une façon d'avancer ensemble vers le bien commun.
Les OSPOs répondent donc à une exigence à la fois technique et éthique.
Un pas vient d'être franchi : le 22 septembre, les 193 États membres de l'assemblée générale des Nations unies ont approuvé le Pacte numérique mondial (PDF), lequel engage les Nations unies à donner priorité à l'Open Source en tant que clé de la coopération numérique mondiale pour et entre les États membres, au service d'un avenir qui, pour ce qui est de la technologie, ne laisse personne de côté.
Qu'avons-nous partagé ? #
Bastien Guerry est intervenu lors d'une table ronde pour présenter les ambitions de la mission logiciels libres : aider les administrations à trouver et mettre en oeuvre les logiciels libres dont elles ont besoin et les accompagner dans la publication de nouveaux projets libres ou dans la contribution à des projets existants.
Il a aussi présenté la façon dont la DINUM s'est plus récemment engagée dans la construction de La Suite, un ensemble d'outils proposés aux agents publics. La DINUM souhaite que La Suite intègre les meilleures solutions libres. Elle a monté un partenariat déjà actif avec l'Allemagne pour que les deux pays contribuent au code source des logiciels libres utiles à La Suite et à OpenDesk, son équivalent outre-Rhin. Ce lien entre les équipes métier des deux pays est ouvert à d'autres pays, fortement invités à rejoindre la France et l'Allemagne.
Qu'avons-nous appris ? #
Au fil de ces quatre jours de discussions nourries, trois éléments nous ont frappé :
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Tous les OSPOs sont différents : certains mettent l'accent sur le renforcement de l'utilisation des logiciels libres, d'autres sur la promotion des projets Open Source développés dans leur structure, d'autres sur les contributions à l'écosystème dans son ensemble. Certains sont orientés vers le juridique et la conformité, d'autres sur les produits et les sujets plus techniques.
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Tous les OSPO sont fragiles : chaque représentant d'OSPO a insisté sur la difficulté de pérenniser ce type de structures et de les mettre à l'abri des aléas organisationnels et politiques.
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No OSPO is an island : l'union des OSPOs fait leur force ! Chaque OSPO gagne beaucoup à interagir avec d'autres structures similaires, que ce soit pour coopérer, pour apprendre ou pour créer plus de liens avec l'écosystème Open Source au sens large.
Nous avons aussi constaté que chaque OSPO cherchait les bons équilibres entre ses activités :
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Entre faire de l'open source pour soi et en faire pour les autres : s'il s'agit seulement d'optimiser des coûts de possession grâce à l'Open Source, pas besoin d'une structure tournée vers l'extérieur.
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Entre un rôle institutionnel et les liens avec une communauté : un OSPO qui ne fait que des notes stratégiques perd son audience ; un OSPO qui ne fait que du code et des services ad hoc perd son rôle stratégique.
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Entre un rôle de conseil et un rôle d'opérateur : un OSPO qui ne fait que du conseil (sur les licences, la gouvernance open source, par exemple) s'éloigne trop des enjeux techniques ; s'il ne fait que construire et déployer des outils, il manque les enjeux d'acculturation.
Où est votre OSPO ? #
Côté DINUM, nous souhaitons que la mission logiciels libres continue d'aider les ministères et les opérateurs publics à se mobiliser autour des logiciels libres et nous voulons donner de la visibilité aux OSPOs existants dans le secteur public.
Nous construisons une base de données sommaire de ces OSPOs. Si vous avez connaissance d'entités dédiées aux logiciels libres dans une administration, n'hésitez pas à nous contacter pour enrichir cette base !
Revoir la conférence #
La conférence est intégralement disponible en vidéo.